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Prise de parole de François JOURNET, résident secondaire à Gresse depuis 1995.

L'équipe GRESSE 2050
jeudi, 15 avril 2021 / Publié dans temoignage

Prise de parole de François JOURNET, résident secondaire à Gresse depuis 1995.

Lettre adressée à l’équipe municipale de Gresse-en-Vercors le 11 avril 2021.

« A l’équipe municipale de Gresse-en-Vercors Madame, Monsieur,

Je bénéficie d’une résidence secondaire familiale depuis 1995 à Gresse-en-Vercors. Nous sommes ainsi dans notre famille une vingtaine de personnes fréquentant la commune, sans compter des amis invités, qui pourraient témoigner d’un intérêt pour Gresse, largement indépendant du ski alpin.

Mon attachement à Gresse-en-Vercors tient avant tout pour le site, avec le parc naturel du Vercors, et du fait de la taille limitée de sa station de ski. J’ai l’espoir que soit préservé l’essentiel, ce milieu montagnard précieux, avec des projets de développement qui évitent tout investissement lourd au profit du ski alpin à court terme, au détriment des nouvelles priorités. C’est pourquoi je soutiens, comme résident secondaire non-électeur sur la commune mais contribuant à ma modeste mesure l’économie de la commune, le projet actuel que j’ai découvert sur le site de la mairie.

Je précise d’où je parle :

J’ai découvert la montagne dans les années 70. Citadin, n’ayant pas fait de ski alpin réservé au plus riches, j’y ai découvert la marche, l’escalade, l’alpinisme, plus tard le ski de randonnée en apprenant sur le terrain. Je cherchais ce contact vital avec la nature sauvage. Le Vercors, le Haut Dauphiné, plus largement les univers montagnards sont devenus mon pays d’adoption.

Mais sitôt découverte, cette montagne qui valait promesse d’éternité, révélait sa fragilité. J’ai constaté avec effroi les effets de l’exploitation touristique anarchique au service d’intérêts spéculatifs (les stations d’Oisans par exemple), expression locale de cette croissance effrénée détruisant le vivant, aveugles aux conséquences. Le gaspillage de matière et d’énergie, les pollutions, la dimension mondiale des inégalités et des problèmes écologiques nous préoccupaient dès les années 70, mais nous avions l’espoir d’avoir le temps pour changer de modèle.

Entre 78 et 81, j’ai gardé un refuge en haute montagne durant l’été, appliquant la frugalité artisanale adéquate, refusant l’héliportage. Des touristes y rencontraient cette sauvagerie éblouissante qui change l’existence, grâce à l’utilisation d’une paire de chaussure (et cinq bonnes heures de montée abrupte). Les questions de l’aménagement en montagne, des limites de ces lieux, de la sur-fréquentation, furent posées à la construction d’un nouveau refuge de plus grande capacité : j’ai quitté le refuge. Quarante ans après, j’ai constaté (et photographié) l’évolution régressive spectaculaire des glaciers, largement documentée par ailleurs et dépassant les prévisions, avec des ruptures d’équilibre, des risques nouveaux considérables, modifiant totalement les pratiques alpines, le travail des guides. J’ai échappé de justesse il y a deux ans à une rupture de névé en été par effet de canicule, configuration inimaginable auparavant.

Je suis citadin. Ma passion de la montagne ne fait pas de moi un habitant permanent en montagne. Je suis donc un « touriste », mais qui ne cherche pas un « produit » de consommation supplémentaire. Je cherche un ressourcement, pour souffler de la pression de la ville (LYON), dont les avantages de services de proximités sont tempérés par la pollution

permanente, le bruit, et aujourd’hui l’épuisement de ces canicules redoutables qui font de l’été une saison peu vivable quand on vit dans un petit appartement.

Sur Gresse-en-Vercors

Depuis 95, je viens à Gresse, surtout hors saison de ski et de ses cohortes de véhicules. J’ai la chance immense d’y trouver le silence, goûter à l’air montagnard, sentir la nature changeante. Je suis monté des centaines de fois sur les crêtes du Vercors, recueillant des images à toutes saisons, qui prolongent ces moments heureux qui aident à tenir ensuite (nombre d’entre elles sur le site web : http://usdmhd.org/)

La station de ski, que je frôle l’hiver avant l’aube pour m’évader sur les crêtes avec crampons et raquettes, qui m’asperge du grésil artificiel de cette neige « de culture », appellation bonifiant le principe, n’est donc, vous l’avez compris, qu’un inconvénient pour moi. J’en sais cependant l’intérêt pour les habitants (la raison économique) et les skieurs de piste venus des villes. Les limites temporelles et spatiales de la station, font cependant de celle-ci un modèle vertueux relativement à ces méga-stations d’Oisans ou des Alpes du Nord, obéissant à des logiques d’une toute autre échelle.

Le problème des nouveaux canons à neige en discussion à Gresse, peut sembler modeste au regard des dégâts considérables vus ailleurs (sans parler du transport de neige et/ou des déposes en hélicoptère de skieurs). Mais au niveau de la commune, quand chaque geste compte, quand le local ne peut attendre les changements considérables que devrait impulser l’état mais sans cesse repoussés (Cf. la convention climat réduite a minima), il est aujourd’hui nécessaire de renoncer à ces « pansements » énergivores, d’efficacité au mieux temporaire, espérant repousser le durcissement climatique, dans une vision de court terme. L’urgence climatique est peut-être plus immédiatement visible en ville, tant dans l’expression climatique locale que dans les changements de conscience (cf. les manifestations pour le climat qui mobilisent énormément). La prise de conscience s’accélère, l’intérêt d’une population plus large pour des pays, accessibles, tel que celui de Gresse, permet d’envisager un autre modèle de tourisme. Un modèle qui implique également une grande prudence, quant à l’usage des moyens de transports, pour faire vivre au pays et la gare de Monestier est un atout à fructifier.

Pour conclure

J’apprécie particulièrement les périodes hors station de ski, et n’ai aucune inquiétude liée à une « dépréciation » de l’immobilier par l’abandon de canons à neige et un projet de réorientation progressive et réaliste des priorités touristiques. Je serai heureux (et fier même !) d’habiter sur une commune d’avant-garde où il s’agit de trouver, non pas un équilibre médian, mais la justesse, avec une pratique démocratique. »

François Journet

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